Bubbles

Peinture acrylique, wall drawing in situ, projet résidentiel, collection privée, Paris, 2018

Invité à réaliser une installation in situ et pérenne pour un collectionneur, j’ai obtenu carte blanche pour articuler mon travail sur les trois niveaux de son appartement parisien, entre la salle principale (niveau 1), l’entrée (niveau 0 ; visuel ci-dessous), et l’accès aux chambres (niveau -1)

Dès l’entrée, Il s’agissait pour moi de faire dialoguer ces trois niveaux baignés de lumière zénithale, en me jouant des points de fuite possibles grâce aux nombreuses ouvertures (sol transparent, absence de contre marche, fenêtres, baie vitrée, etc.).

Il fallait ainsi de dé-structurer l’espace sans l’étouffer ni s’y imposer, en m’adaptant pleinement à cet espace de vie, en réponse à ses données et qualités physiques, matérielles et visuelles, mais aussi à certaines contraintes (luminaire et climatisation à préserver).

Dès les premiers croquis, il fallait que la fluidité de lignes courbes et continues, sans début ni fin déterminés, puisse venir contraster avec la rigueur géométrique du lieu (escalier, architecture, rapport verticalité-horizontalité) qu’il n’était pas question d’oublier.

Les lignes courbes s’entrecroisent et s’entremêlent, dialoguent entre elles en tissant des liens les espaces et les formes concaves et convexes, mais aussi le plein et le vide, le dedans et le dehors, l’intérieur et l’extérieur.

Dans ce non-lieu de transition (Marc Augé) que demeure un escalier (associé au palier de l’entrée), il s’agissait paradoxalement de faire une pause, afin de de suivre du regard ces lignes grimpantes ou plongeantes, se donnant à voir sur plusieurs niveaux, à quelques centimètres du résident ou, au contraire, fuyant à plusieurs mètres de lui.

Inversement, c’est au cours de son déplacement que le travail se donne à la fois à voir par fragment de courbes ou dans sa lecture globale, l’œil recomposant le parcours de ces lignes entre les espaces et niveaux, grâce aux jeux de transparences.

Mon action plastique me permettait, à la grande satisfaction du collectionneur, de faire, non pas disparaître l’imposant et très bel escalier industriel, mais d’en amoindrir la présence et l’impact visuel, ce qui constituait un des objets de sa demande.

Selon notre position, « Bubbles » demeure fragmenté, les lignes courbes débutant ou s’achevant sur les lignes physiques du lieu telles que les jointures et autres angles de murs, devenus support entre plein et vide.

Les courbes, lorsqu’elles sont coupées par les limites physiques du lieu peuvent, malgré tout, se prolonger par les jeux de transparences et d’ouvertures, certains arcs, une fois associés, tendent vers un cercle entier.

Chaque mur devenant tableau abstrait, tout en cohabitant avec les autres murs et espaces, afin d’entreprendre une composition picturale in situ, entre bi et tridimensionnalité.

Les formes rondes et courbes se répondent et se contredisent, se distinguent et se singularisent ou, disparaissent au cours de la « promenade architecturale » (Le Corbusier), donnant à voir l’installation avec un œil nouveau à chaque montée ou descente des marches.